Du Reishi pour tous!

Nico CoallierGeoffroy Renaud
Auteurs: Nico Coallier, Geoffroy Renaud 

Prologue

Partageant une passion depuis plusieurs années sur la mycologie et la biologie en général Geoffroy et Nico ont eu l’idée d’appliquer la mycologie de diverses manières à l’apiculture. Flavo fabrique aujourd’hui en collaboration avec FNG des miels médicinaux, tel le miel boosté au Reishi dont nous discuterons dans cet article. Ensemble, ils valident aussi le potentiel des champignons comme supplément alimentaire pour les abeilles. 

Inspirés par un article de Paul Stamets paru en 2018 dans la revue Nature (voir ici), ils ont élaboré leur propre extrait de Reishi et méthode d’application. Depuis maintenant 2 ans, Flavo et FNG testent l’effet du nourrissage de Reishi sur la force, la présence de maladie et la survie hivernale des colonies

Nico étant le scientifique principal chez Nectar Technologies, il a la chance de pouvoir accéder à la plateforme Nectar 1.20 qui lui permet de facilement récolter la données et mettre en place des expériences. Chez Flavo, nous avons un historique (2022-2023) de plus de 170 ruches situées sur plus de 20 sites indépendants, nous permettant de tester plusieurs choses dans des design expérimentaux robustes. L’ensemble des ruches sont suivies avec la technologie de Nectar et un suivi très détaillé est effectué par Nico lors de chaque inspection (c-a-d. Suivi de la force de la ruche, suivi du couvain, suivi de la reine, suivi du varroa, suivi de l'agressivité, suivi des traitements et nourrissage ainsi que localisation des ruches et plus!).

Quant à Geoffroy, il continue présentement ses études sur les propriétés des champignons chez FNG mais aussi à travers son doctorat à l’IRBV. Il a aussi accès à des serres de cultures de champignons mais aussi à tout l’équipement de laboratoire nécessaire. Ensemble, ils désirent faire progresser la mycologie appliquée à l’apiculture et démontrer l’étendue de son potentiel. 

Nous aurions compris que Geoffroy a la piqûre pour la mycologie, je me suis tout de même amusé à lui demander sa dernière mémoire d’une piqûre d’abeilles. Voici sa réponse: 

“ J'ai été impressionné par le visionnement d’une vidéo faisant le portrait d'un apiculteur Zen de Tokyo qui travaillait sans protection aucune. Chaque séance de travail avec les abeilles commençait par une méditation, calibrant ses énergies et se préparant pour la rencontre avec les colonies d’abeilles. 

En travaillant au Champs des Possibles, je réalise que des ruches avaient été posées entre le voie ferrée et le passage piétonnier, en semi-ombre. Lorsque je vis un petit essaim se diriger en ma direction, je pensais à mon apiculteur Zen, doublé du préjugé que la colonie devait être bien habituée aux visiteurs et aux dérangements (étant voisin des rails du CP). Apparemment, je n’avais pas atteint la maturité Zen que j’imaginais et j’ai eu droit à une bonne dose de piqûres sur le haut de mon corps. Heureusement, j’étais du moins assez zen pour ne pas paniquer et me débarrasser gentiment des abeilles comme des désagréments. Depuis, j’ai rempli ma cours de plante mellifère et j'ai côtoyé des populations d’abeilles et de bourdons sauvages sans avoir renouvelé la désagréable expérience de la piqûre. À croire que je continue mon ascension vers la zénitude nécessaire. “

Bonne lecture!

Le Reishi c'est qui ?

Ce champignon de la famille des polypores porte plusieurs noms donc le Reishi mais aussi le ganoderme luisant, polypore luisant, mannentake ou le linghzi. Le nom scientifique de son genre est Ganoderma et regroupe plus de quatre-vingt espèces. La plus étudiée de ces espèces, le Ganoderma lucidum, désigne spécifiquement cet organisme fongique basidiomycète ligninolytique naturellement présent en Europe et en Asie. Des traces archéologiques démontrent que ce champignon est utilisé en médecine traditionnelle depuis déjà 8840 ans (±44 ans) (Yuan et al. 2018).


Photo de Reishi poussant dans les serres FNG. 

4 de ses cousins les plus proches se retrouvent en Amérique du nord, dont le Ganoderma tsugae ou Ganoderme de la pruche, endémique au Nord-Est de l’Amérique et donc rustique au Québec. Alors que les abeilles butinent fort probablement les exsudats de ce Reishi québécois, nous travaillons avec le Ganoderme les plus étudiés et les mieux documentés par la science contemporaine, c'est-à-dire le Ganoderma lucidum.

Les vertus du miel au Reishi

Beta glucans, chitine et ergosterol sont au cœur du développement cellulaire des  organismes fongiques. Bien que les taux de présence peuvent varier d’une espèce et d’un genre à l'autre, on reconnaît là une tryptique analytique commune à la grande majorité des organismes fongiques.

Ce qui fonde ensuite la particularité des divers champignons mobilisés par les pharmacopées du monde entier, ce sont les molécules particulières aux divers champignons, spores et molécules des genres et espèces à l'étude.

Ci-dessous, 7 composés bioactifs spécifiques au Ganoderma lucidum ayant été modélisés dans le cadre d'études cherchant à déterminer leurs interactions avec divers pathogènes ainsi que quant à ses signalements et impacts chez l’hôte.

Molécules
Source - Champignons et Biomolécules actives

Les champignons médicinaux regorgent de bienfaits, associés à divers principes bioactifs corollaires de divers stades de développement des organismes. Alors que la littérature scientifique démontre que les principes bioactifs sont unique à chaque espèce, un tronc commun permet de commencer à cerner les divers mécanismes à l'œuvre.  

Au cœur de chaque cellule d’organisme fongique, se trouve une membrane riche en ergostérol, une paroie cellulaire de chitine recouverte de bêta-glucan 1-3, 1-6 à triple ellipse. Ces trois composantes bioactives stimulent à leurs manières le microbiote et peuvent fournir des quantités importantes de fibres même lorsque solubilisées. 

Les bêta glucan agissent aussi plus spécifiquement comme immunomodulants (i.e. adaptogènes), incitant une recalibration de la réponse du système immunitaire quant aux stress et stimulus de l’environnement, tout en réduisant le taux de cholestérol et de sucre dans le sang.

La particularité des beta-glucans fongiques, soit leur forme triple-elliptique, accentue significativement l’efficacité déjà reconnue chez les beta-glucan végétaux, telle qu’étudiée dans l’avoine. Ainsi, alors les bêta-glucans 1-3, 1-6 permettent par exemple de réduire le taux de cholestérol dans le sang, la maximisation des points de contacts rendue possible par la forme triple-elliptique des composés fongiques rend cette action plus rapide et plus efficace.

L’ergostérol est une molécule appartenant à la famille des stérols, et agit donc à titre de stimulant chez l’hôte. Il occupe pour les espèces fongiques le rôle du cholestérol dans les membranes cellulaires des mammifères. Une particularité d’intérêt de cette molécule, est qu’elle réagit à la lumière en devenant alors de l'ergocalciférol, une molécule précurseure de la vitamine D2, dont les bénéfices sur la santé dépassent de loin l’assimilation du calcium. L’importance de cette vitamine pour prévenir les chocs de cytosines et donc réduire l’incidence et la violence des réactions auto-immunes a été grandement étudiée au cours de la plus récente pandémie. 

Pour revenir sur les particularités du reishi, sa réputation millénaire lui confère de longue date le surnom de “champignon de l’immortalité”. Non seulement, présente-t-il une liste impressionnante d’agir thérapeutique significatif, il est aussi réputé “rehausseur” ou “tonique” de l’effet bénéfique d’autres herbes et champignons vertueux. Ainsi, certaines écoles de médecine traditionnelle chinoise intègre le reishi de manière transversale, c'est-à-dire que le reishi est intégré à l’ensemble de leurs formulations d’herbes et de champignons. 

Des études in vivo, in vitro tout comme des études populationnelles soutiennent les bienfaits du reishi sur la santé cardiovasculaire, la régulation de la pression artérielle, du taux de cholestérol ainsi que du taux de sucre dans le sang. Le reishi permet de retarder la croissances virales, de réduire l’inflammation et soutient la protection face aux radicaux libres et aux dommages des tissus (tissue damage). Il est aussi démontré que le reishi tonifie les fonctions immunitaires tout en inhibant la croissance de tumeurs. Il protège et tonifie le foie tout en soulageant les symptômes d’anxiété, d’insomnie et de dépression. Des études ont aussi démontré qu’une prise régulière de reishi avait un impact significatif sur l’amélioration des fonctions cognitives, de l’énergie ainsi que des fonctions respiratoires. Bien entendu, cette énumération n’est pas un avis médical et ne vise en aucun cas à remplacer l’avis d’un professionnel de la santé. 

Pour un résumé de l’ensemble des bénéfices du Reishi, visitez la monographie de santé canada ou le site FNG

Comment est-ce intégré dans le miel ?

Chez Flavo, notre miel sera en barattage pendant 86 heures à très lente vitesse afin de conserver toutes ses propriétés et saveur. Nous ajoutons toujours un peu de propolis et de cire afin de donner encore plus de goût au miel. 

Lorsque nous préparons le miel au Reishi nous mélangeons l’extrait à la fin du barattage et laissons infuser pendant un minimum de 48h avant d'emporter. Le miel non pasteurisé combiné à l’umami qu’apporte le Reishi est un délice bien surprenant!!! 

C’est notre meilleur vendeur et j’en mange personnellement encore à la cuillère tous les jours pour ses bienfaits mais aussi pour son goût!

Extrait de ReishiMiel au Reishi

Seulement pour les humains ?

Comme discuté en introduction de ce post, nous testons aussi les bénéfices du Reishi chez les abeilles. En effet, nous travaillons présentement sur une publication scientifique mais voici une note sur nos progrès au niveau de la recherche des bienfaits du Reishi chez les abeilles.


Abeille consommant une solution à base de Reishi.

Notons qu’alors que ces ingrédients de santé naturel ont encore beaucoup à nous apprendre, la littérature scientifique est déjà très abondante quant à leurs remarquables qualités et applications d’interventions thérapeutiques pour les humains mais aussi pour de nombreux organismes vivants. 

Par exemple, une étude récente démontre que lorsqu’un supplément de chitine est offert aux colonies d’abeilles luttant contre des infestations de Varroa destructor, le temps de remédiation d’une plaie béante peut être réduit de 150% à 900% selon le dosage (Özkırım et al. 2022).

D’autre part, Stamets et son équipe ont démontré en 2018 de fort effets au niveau de la réduction de la dose virale de virus associé au varroa destructor (ex: une réduction observée de 79 fois au niveau du virus des ailes déformées) (Stamets et al. 2018).

De plus, le nectar des fleurs est l’habitat de complexe communauté fongiques (von Arx et al. 2019; Olaitan et al. 2007). La complexité de la composition du nectar ne se résume donc pas à de l’eau sucrée. Pourtant, les apiculteurs nourissent leurs ruches en préparation pour l’hiver avec un sirop composé dans la majorité des cas uniquement d’eau et de sucre raffiné (c-a-d sucre blanc). L’impact de cet apport en nourriture pour éviter une mortalité due à un manque de réserve pendant l’hiver peut être important. 

Plusieurs effets positifs ou négatifs peuvent être induits à travers l’alimentation (Frizzera et al. 2020; Tawfik et al. 2020; Oskay et al 2021; Barker et al 1978; Agarwal et al. 2023). Plusieurs additifs sont présents sur le marché afin de tenter d’augmenter les impacts positifs d’une alimentation à base de sucre (ex: SuperDFM, HiveAlive…). Aucun de ses suppléments n’utilisent de champignons dans leurs recettes malgré un potentiel certain. 

D’autres apiculteurs préfèrent nourrir avec du miel et cela reste possible. Par contre, il faut aussi faire attention puisque le miel d’automne a une humidité plus élevée que le miel récolté plus tôt en saison et certains suggèrent que cela peut amener vers une dysenterie et une prolifération des bactéries dans les réserves (Oskay et al 2021). Il ne faut pas oublier que l’abeille domestique n’est pas originaire de notre climat et les périodes plus courtes de récolte entraîne une période plus courte pour la maturation du miel et donc ce miel de fin de saison n’a pas maturé assez longtemps ce qui pourrait expliquer cet effet. Ainsi, le nourrissage au sirop est généralement recommandé mais n’est pas la seule méthode possible et c’est pourquoi nous testerons deux méthodes d’application du Reishi. 

Une première méthode où nous avons simplement ajouté notre extrait au nourrissage de fin de saison puis une seconde méthode par dégouttement expliqué plus en détails dans les sections suivantes.

Nous avons décidé de s’attaquer au potentiel inexploré du Reishi en premier lieu mais nous avons plusieurs études en cours au niveau de d’autres espèces de champignons ainsi que des combinaisons. Au cours des prochaines section, nous nous attarderons aux effets du Reishi sur la survie de l'hiver dernier, les effets reportés des ruches traités qui ont survécus l'hiver et les effets immédiats du traitement effectué en cours de saison 2023. 

Effet sur la survie hivernale 

En 2022, nous avons décidé d’ajouter une solution de Reishi dans notre sirop de nourrissage de fin de saison. En effet, les apiculteurs vont nourrir les ruches avec un sirop (généralement 3:1 en fin de saison) afin de pallier la courte saison estivale de notre région et favoriser une meilleure survie des colonies. 

Il était donc logistiquement facile d’ajouter des doses variables de Reishi au niveau des sirops de nourrissage et d’analyser l’impact sur la survie des ruches. Nous avons donc fait un traitement minimal des ruches contre le varroa (utilisation uniforme d’acide formique et une vaporisation d’acide oxalique au début novembre, deux produits biologiques) afin de mieux quantifier l’effet du Reishi. Notez que nous avons eu un événement non identifié qui a entraîné une lourde perte hivernale lors de l’hiver dernier. L’échantillon est composé de 113 ruches qui ont été hivernés au sein de 3 sites extérieurs situés en Estrie au Québec. 

Nous avons ensuite analysé la donnée à l’aide du modèle CoxPH. Ce modèle de survie permet l’analyse d’éviter des biais dû à la donnée censurée. En effet, nous ne connaissons pas la date de décès des ruches qui ont survécu jusqu’à la fin de l’expérience soit le 15 juin 2023. Puisque certaines ruches pourraient mourir suivant cette date, nous devons considérer cet élément dans la modélisation pour éviter de surestimer la survie. Ci-dessous sont les courbes de survie estimées par le modèle pour des doses variables de Reishi. Les doses consistent au nombre de nourrissage dans lequel un supplément a été ajouté. L’effet du reishi est significatif (p-value: 0.01) et augmente la probabilité de survie par un facteur d’environ 27% par dose administrée. Nous observons une survie moyenne 13.4% plus élevé par rapport a la survie moyenne pour les ruches traites avec au minimum une dose de Reishi et un maximum de 4. 

Effets reportés sur la saison suivante

Nous voulions valider si un effet (ou un biais dans nos analyses) aurait pu être causé par un effet reporté. Un effet reporté serait un effet d’un traitement en 2022 qui se transpose sur la santé de la ruche en 2023. Nous avons donc identifié les ruches qui ont survécu et qui ont reçu un traitement au Reishi en 2022 puis comparé avec les survivantes n’ayant pas reçu de traitement.

Le jeu de données comporte 31 ruches traitées qui ont survécus versus 4 ruches non traitées, ainsi les analyses ne sont que exploratoires dû à la petite taille d’échantillon. Néanmoins, aucun effet reporté n’a été détecté. Nous avons tout de même observé une légère tendance au niveau du taux de chute de varroa ou les ruches traites semblaient montrer des taux légèrement plus élevés, suggérant un comportement hygiénique plus important.

Les analyses ont été effectuées sur les rapports entre le début de la saison et le 1er août, date à laquelle les traitements au Reishi en 2023 ont débuté. Nous continuerons d'évaluer les effets sur plusieurs saisons dans le futur. 

Effets immédiats

En 2023, nous avons poussé notre réflexion plus loin. Les abeilles domestiques montrent deux phénotypes (deux expressions des gènes différentes), les abeilles d’été qui vivent environ 40 jours et les abeilles d’hiver qui peuvent vivre plus de 200 jours et qui disposent d’un corps gras beaucoup plus large (Alburaki et al. 2022). 

Ces abeilles d’hiver commencent à naître au début du mois d’août au Québec. L’alimentation des larves est essentielle à la bonne santé des abeilles, d’autant plus que l’épigénétique joue un rôle beaucoup plus important chez les abeilles que chez les humains. Ainsi, notre hypothèse est qu’en nourrissant les abeilles à partir de début août, nous devrions favoriser des abeilles d’hiver plus résilientes et donc une meilleure survie hivernale. 


Comme les boîtes à miel sont toujours présentes au début du mois d’août, nous avons dû développer une nouvelle méthode d’application. Basé sur le traitement à l’oxalique par dégouttement, nous avons fait une solution 1:1 dans laquelle nous avons infusé l’extrait de Reishi. L’application de cette solution a été fait à chaque visite (i.e. environ aux deux semaines) sur 50% de notre cheptel. Ceci nous permet d’éviter de contaminer le miel puisque nous appliquons uniquement 50ml de sirop au Reishi directement sur les abeilles. Afin de mitiger les biais potentiels du nettoyage du sirop par les abeilles, nous avons aussi nourri les ruches contrôles avec une solution 1:1 sans le Reishi. Les ruches ont été choisies de manières aléatoires dans chaque rucher pour atteindre 50% de chacun des ruchers mais éviter des effets liés à la force de la ruche ou l’emplacement. Un total de 108 ruches compose l'échantillon dont 54 traitées et 54 contrôles.

Methode par dégouttement

Application du Reishi par égouttement.

Par la suite, nous avons analysé les données en utilisant des modèles linéaires mixtes afin de détecter de potentiels effets instantanés. Nous appelons les effets instantanés, des effets observés dans les jours suivants une application. Nous avons décidé de lancer cette analyse suite aux observations de Nico qui constate que les ruches traitées étaient au visuel beaucoup plus fortes et actives. Nous voulions simplement valider son intuition et nous avons été surpris des résultats.

Effet sur le taux de chute du varroa 

Nous avons évalué l’effet du traitement par dégouttement de Reishi sur le taux de chute observé de varroa. Nous avons supplémenté les ruches contrôles d’une solution 1:1 sans le Reishi. Pour une période de 10 semaines à partir du 1er août 2023, nous avons supplémenté lors de chaque visite à des intervalles idéaux de 10 à 14 jours mais certaines périodes ont été plus courtes ou plus longues. Nous avons donc normalisé le taux de chute sur 48 heures (c.a.d décompte/48h). Les varroa sur le plateau situé en dessous du plancher grillagé de la chute ont été dénombrés. L’ensemble des plateaux a été huilé et nettoyé à chaque visite. Vers la fin de l’été et l’automne, l’activité des ruches étant moindre, il reste possible de faire un décompte exhaustif et précis des varroa se retrouvant sur le plateau. 

Nous nous attendions à aucun effet sur le taux de chute du varroa puisque notre objectif initial était de traiter les abeilles dans le but d’affecter leur survie hivernale. Néanmoins, lors de l’analyse nous avons observé de grandes différences entre les groupes. La figure 1 montre le changement en varroa pour les ruches ayant été traitées (Reishi) ou non (Contrôle). Le premier décompte suivant l’application de Reishi est généralement plus haut pour les ruches traitées de 7.72 varroa sur le taux de chute sur 48h (p-value < 0.005). De plus, le Reishi est fortement corrélé à une diminution du taux de chute de -0.2 par semaine (p-value <0.012). Nous avons analysé la donnée à l’aide d’un modèle mixte suivant une distribution de poisson. Nous avons comparé plusieurs modèles et sélectionné le plus parcimonieux. 



Progression du varroa en fonction des semaine de l'année pour les 10 semaines de l'expérience.

Effet sur l’état de la ruche

Lors de chaque visite, nous avons aussi effectué le décompte du nouveau de cadre couvert d’abeilles, du nombre de cadre couvert de couvain, du nombre de cadres de réserve de nectar et de pollen. De plus, nous avons identifié si la reine était en santé ainsi que noter toute anomalie. Aucun effet immédiats n'a été détecté au niveau de la force de la ruche, de la qualité du couvain ou de la présence de la reine. Une observation a été fait par Nico qui constate néanmoins des ruches plus actives mais nous n'avons pas récolté de données au niveau de cette variable.

Effet sur la récolte d'automne

Nous avons aussi compté le nombre de cadre de miel récolté. Un cadre complet est déterminé comme étant cappé sur un minimum de 80% du cadre. Autrement, nous combinons des cadres incomplets lors du décompte et la valeur est arrondi vers le bas. Voici la distribution de la récolte d’automne.

On peut constater une récolte supérieur au niveau des ruches traités pendant le mois d'août ce qui concorde avec l'observations d'une activité supérieur malgré des populations d'abeilles semblables. Le Reishi pourrait favoriser une immunité plus forte et donc des abeilles plus actives! Davantage de données et de recherche doit être effectuée au niveau des effets immédiats du traitement puisque cela n'était pas notre objectif de recherche. Notre objectif principal reste d'augmenter la survie hivernale en diminuant les traitements nécessaires.

Conclusion et prochaines étapes

Durant l’hiver, FNG déploiera une mise à jour majeure sur son laboratoire analytique relatif aux extraits de principes actifs. Il sera ainsi possible d’affûter avec plus de précision les variabilités des taux de principes actifs présents dans les extractions de champignons, de mycélium ainsi que de spore.

Les études en cours pourront être répliquées selon diverses concentrations de multiples principes actifs et ainsi cerner avec davantage de précision les composés bioactifs déterminant des effets décrits ci-dessus. En bref, passer d’une analyse d’observation “de quantification par intrants” à une quantification par principe actif. Il sera ensuite possible d’ajuster les formulations selon les divers traitements mises en œuvre.

Nous lançons aussi l'appel aux apiculteurs intéressés a participer a l'etude a nous contacter pendant l'hiver 2023-2024 afin d'être un utilisateur du supplement la saison prochaine. Nous aimerions atteindre un échantillon de plus de 2500 ruches afin d'améliorer les analyses et de mieux comprendre comment les champignons interagissent avec les abeilles.

Nous ajouterons aussi un volet d'analyse du microbiota des abeilles traités ainsi que plus d'expériences dans le futur afin de continuer de valider et de développer la mycologie appliquée à l'apiculture. 

Contactez nous si vous êtes intéressé à participer ou si vous avez des questions :) !

Références

HOBBS, Christopher (2020) Medicinal Mushrooms - The Essential Guide. Storey Publishing. USA.272p.

THIBAULT, Maurice et TWEDEEL, Russel J. (2016) Champignons : Molécules bioactives d’intérêt médical et pharmacologique. Les éditions multimondes. CANADA. 577p.

Yuan, Y., Wang, Y., Sun, G., Wang, Y., Cao, L., Shen, Y., Yuan, B., Han, D., & Huang, L. (2018). Archaeological evidence suggests earlier use of Ganoderma in Neolithic China. Kexue Tongbao/Chinese Science Bulletin, 63(13), 1180–1188. https://doi.org/10.1360/N972018-00188

Özkırım, A., & Küçüközmen, B. (2022). Chitosan-based gel application on model bees ( Apis mellifera L.) for healing bite wounds caused by Varroa destructor. Journal of Apicultural Research, 61(1), 45–51. https://doi.org/10.1080/00218839.2021.1935129

Stamets, P. E., Naeger, N. L., Evans, J. D., Han, J. O., Hopkins, B. K., Lopez, D., Moershel, H. M., Nally, R., Sumerlin, D., Taylor, A. W., Carris, L. M., & Sheppard, W. S. (2018). Extracts of Polypore Mushroom Mycelia Reduce Viruses in Honey Bees. Scientific Reports, 8(1). https://doi.org/10.1038/s41598-018-32194-8

von Arx, M., Moore, A., Davidowitz, G., & Arnold, A. E. (2019). Diversity and distribution of microbial communities in floral nectar of two night-blooming plants of the Sonoran Desert. PLoS ONE, 14(12). https://doi.org/10.1371/journal.pone.0225309

Frizzera, D., del Fabbro, S., Ortis, G., Zanni, V., Bortolomeazzi, R., Nazzi, F., & Annoscia, D. (2020). Possible side effects of sugar supplementary nutrition on honey bee health. Apidologie, 51(4), 594–608. https://doi.org/10.1007/s13592-020-00745-6

Tawfik, A. I., Ahmed, Z. H., Abdel-Rahman, M. F., & Moustafa, A. M. (2020). Influence of winter feeding on colony development and the antioxidant system of the honey bee, Apis mellifera. Journal of Apicultural Research, 59(5), 752–763. https://doi.org/10.1080/00218839.2020.1752456 

Oskay, D. (2021). Effects of diet composition on consumption, live body weight and life span of worker honey bees (Apis mellifera L.). Applied Ecology and Environmental Research, 19(6), 4421–4430. https://doi.org/10.15666/aeer/1906_44214430

Barker, R. J., & Lehner, Y. (n.d.). AND SUCROSE SYRUP AS MAINTENANCE FOOD FOR CAGED HONEY BEES.

Olaitan, P. B., Adeleke, O. E., & OOla, I. (2007). Honey: a reservoir for microorganisms and an inhibitory agent for microbes. In African Health Sciences (Vol. 7, Issue 3).

Agarwal, R., Bansal, A., Saini, A. S., Raj, A., Kumar, A., Saini, S., & Gharde, S. K. (2023). Bee nutrition and artificial food. ~ 1635 ~ The Pharma Innovation Journal, 12(6), 1635–1641. www.thepharmajournal.com

Alburaki, M., Madella, S., Vu, P., & Corona, M. (2022). Influence of honey bee seasonal phenotype and emerging conditions on diet behavior and susceptibility to imidacloprid. Apidologie, 53(1). https://doi.org/10.1007/s13592-022-00922-9

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1 commentaire

C’est fantastique tout ça!! Félicitations, vous êtres des précurseurs.

Alexandre Mainville

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